Visite de Bintou Keita à Goma et polémique autour du dialogue CENCO–ECC : L’ADENAC hausse le ton

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La visite de Madame Bintou Keita, Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU en RDC et cheffe de la MONUSCO, à Goma la semaine dernière, suscite une vague de réactions politiques au sein de l’opinion congolaise. L’ADENAC, par la voix de son président national, Me Adrien Phoba, n’a pas mâché ses mots. Dans une déclaration politique publiée ce week-end, la formation dénonce ce déplacement comme une “insulte au peuple congolais” et met en garde contre toute tentative de légitimation de l’occupation d’une partie du territoire national.

Goma, territoire occupé et symbole de méfiance

Pour l’ADENAC, la visite de Mme Keita dans une zone qualifiée de « sous contrôle de l’armée rwandaise et de ses supplétifs du M23/AFC » est perçue comme un non-événement, voire une provocation. Le parti pointe du doigt la “complicité passive” de la communauté internationale, incarnée notamment par la MONUSCO, qu’il accuse d’inefficacité depuis les temps de la MONUC, malgré un mandat élargi au titre du chapitre VII de la Charte des Nations unies.

« La paix et la stabilisation du Congo sont devenues une utopie orchestrée par la communauté internationale », dénonce l’ADENAC.

Dans cette optique, le parti met en garde contre toute initiative diplomatique pouvant servir de couverture à un processus de partition du pays ou à la reconnaissance d’un « gouvernement parallèle » installé à Goma.

La MONUSCO en ligne de mire

La mission onusienne, déjà largement critiquée dans les milieux politiques et sociaux en RDC, se retrouve une nouvelle fois sous le feu des projecteurs. L’ADENAC appelle l’ONU à clarifier sa position et à « jouer un franc jeu » dans le processus de rétablissement de la paix. Le message est clair : le Congo restera “un et indivisible”, sous la conduite du président Félix Tshisekedi, décrit comme “le symbole de l’unité nationale”.

Dialogue CENCO–ECC : un processus contesté

Autre point de friction, le dialogue initié par la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et l’Église du Christ au Congo (ECC). Si ce processus vise à favoriser un cadre de concertation nationale dans un climat politique tendu, l’ADENAC exprime de sérieuses réserves.

Pour le parti de Me Adrien Phoba, ce forum risquerait de servir de plateforme de « blanchiment politique » à certains anciens seigneurs de guerre impliqués dans des crimes graves dans l’est du pays. Le mouvement appelle les autorités ecclésiastiques à suspendre l’initiative, au nom du respect de la mémoire des victimes et de la volonté populaire.

« Ce dialogue ne fait pas l’unanimité. Il risque de devenir un théâtre d’impunité », avertit l’ADENAC.

Un contexte national sous tension

Ces prises de position surviennent dans un contexte sécuritaire et politique tendu, marqué par l’enlisement du conflit dans l’est du pays, les critiques croissantes contre les acteurs internationaux, et la fragilité du tissu politique national. La déclaration de l’ADENAC illustre une frange de l’opinion publique qui réclame une rupture claire avec les compromis jugés stériles et un recentrage autour des intérêts souverains de la République.

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